La rue était scintillante de milliers de couleurs, comme si le noir de la nuit tombée avait décidé de passer son chemin. Les nombreuses vitrines qui habillaient Canal Street illuminaient l'endroit et les multiples visages souriants des passants, rendant presque féerique et fantastique ce cortège peuplé. Au milieu de cette foule se tenaient deux silhouettes noires, se faufilant tant bien que mal au travers cette masse grouillante qui ne semblait pas même les apercevoir. Connor avait toujours trouvé ça fascinant : il avait beau être là, habillé de noir parmi toutes ces couleurs, aucun regard ne se jeta dans sa direction. Il était invisible dans ce monde scintillant de vie. Une ombre parmi les ombres. Et ça lui allait très bien comme ça.

Il serpenta contre ce torrent de Terrestres, son parabataï lui emboîtant le pas. Souvent - et peut-être un peu trop - Connor lançait par dessus son épaule des regards furtifs dans sa direction. Il savait que la nervosité qu'il ressentait en ce moment ne venait pas de lui... Que le stress emmagasiné dans sa poitrine, ce n'était pas lui qui le subissait. Zachary, derrière lui, était une véritable boule de nerf. Il slalomait avec agilité entre ces obstacles envahissants, et Connor sentait tous ce qu'il était en train d'éprouver.
Il se gifla mentalement : son parabataï avait fait d'énormes progrès, après ce qui lui était arrivé. Certes, la foule le plongeait dans une gêne embarrassante, mais il surmontait sa peur avec une telle force. Il n'avait pas besoin que son ami en rajoute une couche avec ses inquiétudes. Le Néphilim se concentra sur le chemin à suivre à travers cette mélasse, envoyant à son compagnon tout le courage dont il était pourvu.

Ils sortirent enfin de ce piège infernal après plusieurs minutes et Connor ne put s'empêcher de ressentir une pointe de fierté lorsque ses yeux se posèrent sur son compagnon. Personne ne pouvait comprendre l'effort incroyable qu'il venait de faire. Seul le léger soupir de soulagement que ce dernier lâcha était la preuve de son malaise.

« Pitié non. » lâcha le brun fasse à l'horrible image que les paroles de Zachary venaient de lui mettre en tête. Un Drevak... Ces démons ignobles ressemblant à des vers géants pourvus de dards empoisonnés. Connor en réprima un frisson. « Entre ça ou un Junk, je ne sais pas ce que je préfère... »

Les deux Néphilims étaient en pleine chasse aux démons. En mission pour l'Institut. Enquêter parmi les déchets n'était pas ce qu'il y avait de plus grisant dans leur quotidien de shadowhunter, mais ils ne pouvaient décemment pas faire la fine bouche : d'après les rumeurs, une puissante entité se serait échapper d'Edom. Chaque piste était à suivre. Qu'elle mène vers ce danger potentiel ou vers une créature se nourrissant d'ordures... Dans la situation présente, Connor pencherait plus pour la seconde option. L'odeur rebutante qui titillait ses narines finissant de le persuader.

« Pourquoi il faut toujours que les démons soient des choses répugnantes ? » lança Zachary après avoir tracé la rune de vision nocturne au creux de son bras.
Connor haussa les épaules, sortant sa stèle avant d'imiter son frère. « Avoue que c'est quand même plus facile pour leur botter le derrière... » commenta-t-il dans un clin d’œil.

Il aimait leurs échanges, le brun. Ils étaient certes plus timides qu'avant, plus renfermés, mais le Néphilim les chérissait toujours autant. Voir un sourire - même léger - sur le visage de son parabataï lui réchauffait le cœur. Connor n'était pas comme ça avec tout le monde soit dit en passant (faisant de l'humour, souriant...). Il ne l'était qu'avec Zachary. Son parabataï... Le regard que lui lançaient les autres shadowhunter et les nombreuses paroles prononcées dans son dos n'aidaient pas le brun à s'ouvrir aux autres. Il n'avait besoin que de son frère. Son frère, et ses missions pour s'occuper l'esprit.

A l'image de son homologue, Connor écarta les bennes afin d'inspecter les alentours. Si présence de démon il y avait, il devait forcément y avoir des traces caractéristiques. Il repoussa les sacs poubelles, éloigna du bout du pied les déchets suspects et manqua se faire assommer par une cagette de bouteilles vides. Le bruit du verre brisé résonna dans la sombre ruelle comme une agonisante mélodie. Le fautif allait s'excuser, lorsqu'un cliquetis énigmatique se fit entendre au fond de la ruelle. Il fronça les sourcils, le shadowhunter, tout en dégainant lentement ses doubles-lames, un regard entendu lancé à son parabataï. Tous deux avancèrent prudemment, un pas après l'autre, vers la source du son. Leur cœur battait à l'unisson alors que chacun avait une main refermée sur son arme respective. Ils se stoppèrent devant l'un des sacs poubelles qui, étrangement, remuaient avec vivacité...

Connor fit un signe de tête à son ami avant de brusquement agripper le plastique et de le jeter au loin d'un mouvement vif. Il allait abattre sa lame sur l'ennemi lorsque finalement, il posa les yeux sur lui. Avant de soupirer d'exaspération : « Saleté de rat ! » pesta-t-il en abaissant son bras, agacé.

Connor suivit du regard le rat avec un air renfrogné sur le visage. Le rongeur se faufilait avec agilité entre les déchets éparpillés ça et là sur le sol, faisant fit des deux inconnus qui étaient venus le déranger. Remuant le museau devant chaque pépite qu'il semblait trouver. A croire qu'aux yeux de l'animal, tous les déchets recelaient un mystère que lui seul pouvait comprendre.

Laissant la vermine faire sa petite affaire, le chasseur d'ombres étudia les environs en soupirant de plus belle, souriant face à la remarque de son parabataï : « Nightinscar ou la terreur des rongeurs ! » s'exclama-t-il à son tour d'un air faussement dramatique. Nul doute qu'ils auraient fait fureur dans leur tenue de dératiseur, flanqués d'une combinaison trop grande et d'un masque recouvrant l'entièreté de leurs visages. Une vrai panoplie de G.I.Joe... Il allait ajouter une énième réflexion ô combien utile et brillamment sarcastique, lorsqu'il sentit chez Zachary cette tension qu'ils éprouvaient lorsqu'ils n'étaient pas complètement sortis d'affaires : il n'avait pas baissé sa garde...

Le regard de son parabataï était fixé sur un point, ses sourcils froncés comme s'il cherchait à savoir ce qu'il avait devant les yeux. Connor suivit ce dernier d'un pas lent alors qu'il se dirigeait vers le rat qu'ils avaient fait fuir quelques instant plus tôt. Il tiqua en l'étudiant à son tour, avec plus d'application. Et s'en voulu presque aussitôt : comment avait-il fait pour ne pas remarquer ce détail... « Tu penses que c'est... » Zachary termina sa phrase pour lui... Et corrobora ses pensées : de l'Ichor recouvrait la fourrure de l'animal, et autant dire que ce n'était pas un "petit détail". Cela confirmait les soupçons de l'Institut et prouvait que leur petit séjour dans les ordures n'avaient pas été en vain. Il y avait bien un démon à Canal Street.

Connor raffermit sa prise sur le manche de ses doubles lames avant de lancer un regard en direction de son homologue. Comme une ligne que l'on aurait tracé au crayon noir, le chemin de l'animal était imprégné sur le sol et allait mourir un peu plus loin, sous une pile de cartons encrassés. Zachary fit le premier pas, suivant prudemment la trace que le petit Poucet avait eu la gentillesse de laisser à leur égard. Suivit de près par Connor, tous ses muscles contractés et près à l'attaque. Ils avançaient tous deux en silence, concentrés, la rune de vision nocturne les aidant grandement à se faufiler dans ce foutoir sans nom et à l'odeur nauséabonde. Le chemin s'évanouissait dans ce monticule d'emballages qui se trouvait désormais en face d'eux... Zachary n'eut même pas le temps de s'approcher, que le rat qu'ils avaient aperçu plus tôt détala, affolé, dans un boucan effroyable qui fit grimacer Connor.

Soudain, surement averti par les cris du rongeur, un démon surgit de sa cachette, propulsant dans les airs tous les cartons qui l'avaient protégés jusque là. Connor eut juste le temps d'hurler le nom de son parabataï avant de voir l'un des dards de la créature se ficher dans l'arc de ce dernier. Il n'aurait pas donné cher de la peau de son camarade s'il n'avait pas eu le réflexe rapide de se protéger de ce projectile. Celui-ci se serait fatalement planté dans son crâne... Connor grogna : ce qu'il pouvait détester les Drevaks.

Le Néphilim s'évertuait à esquiver les dangereux dards qui pleuvaient dans sa direction. L'agilité, ce n'était pas son point fort - en témoigne les nombreuses déchirures sur ses vêtements, preuves qu'il passait un très mauvais moment. Les Drevaks étaient certes aveugles, mais leur rapidité d’exécution et leur vivacité n'aidaient en rien le garçon... Le pauvre voulait en finir au plus vite, la fatigue se faisant déjà ressentir dans ses muscles. « Putain ! » ragea-t-il alors que le démon se faufilait pour la énième fois hors de sa portée, le forçant à se jeter au sol afin d'éviter de se faire embrocher par une autre salve de dards. Il se releva avec rapidité, son dos reposant contre le mur de la ruelle, lorsque brusquement, un pic vint transpercer son manteau noir et s'enfoncer profondément dans la pierre. Il en lâcha l'une de ses lames. « Et merde... » pesta-t-il alors, son bras droit immobilisé contre la surface froide du bâtiment.

Sa lame gauche fendit l'air avec rapidité, juste à temps pour faire ricocher l'un des dards du monstre qui volait dans sa direction. Celui-ci rebondit et s'écrasa au sol, à quelques pas du garçon. Connor ne quittait pas le démon des yeux, mais piégé ainsi contre un mur, il ne tiendrait pas longtemps... « Un petit coup de main ? » siffla-t-il en direction de Zachary alors que le démon s'apprêtait à lancer une énième salve.

Le démon lui faisait face, présence dangereuse qui le regardait avec un air si menaçant que Connor ressentait son envie de tuer avec facilité. Il en frissonna légèrement alors qu'il était là, épinglé à ce mur, un seul bras valide pour se défendre. Il ne donnait pas cher de sa peau si la créature décidait soudainement de lui balancer au visage une dizaine de dards empoisonnés... Le Néphilim pesta alors qu'il essayait de se dégager de l'emprise qui le maintenait immobile. Le démon quant à lui, n'attendit pas qu'il réussisse : il se préparait déjà à frapper. Il allait passer à l'action lorsqu'une flèche meurtrière vint se ficher dans son corps mou, la pointe acérée ressortant à l'autre extrémité. Connor cligna des yeux sous le coup de la surprise alors que dans un nuage de fumée, la créature disparue, l'écho de son râle de douleur résonnant dans l'esprit du garçon. L'être avait oublié la présence de son parabataï, resté en retrait, attendant le meilleur moment pour frapper. L'archer n'avait pas hésité pour saisir l'opportunité que lui avait offert, sans le vouloir, le démon. Cette erreur lui aura été fatale...

Il y eut un bref silence calme, le genre qui résonne d'une force terrible après un événement tonitruant. Le regard de Connor était fixé sur un point invisible, à l'endroit même où le corps de la créature s'était évaporé. Ce qu'il pouvait détester ces Drevaks... Eux et leurs - il tira avec force sur sa manche toujours coincée - satanés dards ! Il y eu un énorme craquement, signe que son manteau était désormais foutu, et enfin, son bras fut libéré. « C'était ma veste préférée... » râla-t-il pour lui-même avant de se tourner vers son ami, une légère moue agacée sur le visage.

Ce dernier ramassait sa lame précédemment abandonnée, s'amusant à la faire tournoyer entre ses doigts d'un air absent. Connor remarqua sans mal la nostalgie qui flottait dans ses yeux. Après tout, les doubles-lames avaient été ses armes de prédilection avant les événements d'il y a 8 ans. A cause de ce que Zak avait vécu, du traumatisme qui le hantait encore maintenant, de nombreux changements avait eu lieu dans sa vie, notamment l'abandon de cette forme de combat rapproché. Mais l'arc était devenu sa nouvelle zone de confort, et il s'était entraîné sans relâche afin de la maîtriser et Connor était fier du chemin parcouru par son ami. Ils se complétaient l'un l'autre désormais et leur duo en était d'autant plus renforcé. Ils n'étaient pas parabataï pour rien...

La lame fut tendue dans sa direction et Connor la saisit immédiatement. Le sourire moqueur de Zachary ne lui échappa pas cependant et il arqua un sourcil en réponse, s’apprêtant à lui lancer l'une de ses fameuses répliques si sournoisement sarcastiques. Mais ses yeux s'écarquillèrent soudainement : se pensant en sécurité, les deux shadowhunter n'avaient pas pensé à vérifier si leur petit ami pleins de dards étaient bien seul dans son royaume d'ordures...

« FAIS GAFFE ! » eut tout juste le temps d'hurler Connor avant qu'il ne se jette sur Zachary, un des projectiles meurtriers frôlant dangereusement sa tête.

Ils atterrirent tous deux lourdement au sol, Zachary roulant sur lui-même afin de remonter sur ses genoux, déjà prêt à encocher une flèche vers leur nouvel ennemi, Connor utilisant la force de ses mains pour se repositionner sur ses pieds, se retrouvant accroupi et prêt à esquiver la moindre nouvelle attaque dans leur direction. Devant eux se trouvait un deuxième Drevak, menaçant et visiblement en colère face au sort qu'avaient réservés les deux compères à son collègue. L'archer décocha presque immédiatement une flèche et Connor la suivit du regard. Alors qu'il pensait qu'elle allait toucher sa cible, cette dernière alla se ficher dans le mur derrière la bestiole, à quelques centimètres à peine de son gros corps de larve. Surprit et déçu, le chasseur d'Ombres posa un regard lourd de sens en direction de son ami. C'était inhabituel pour lui de manquer son objectif, encore plus lorsque ce dernier était aussi inactif. Il y eut un petit moment de flottement avant que le démon ne prenne la fuite, visiblement apeuré. Zachary, face au regard insistant de son homologue, justifia bien vite son acte.

« Si t'as raison et qu'on trouve quelque chose, notre soirée est loin d'être terminée... » lui répondit-il tout en se relevant. Il rangea rapidement ses doubles-lames dans leurs encoches respectives situées dans son dos et lança un énième regard entendu vers son ami. Sans un mot, ils se lancèrent tous deux à la poursuite du fuyard, se faufilant dans les ruelles de la ville endormie. « Connor... interpella soudainement son ami, Je pense pas que leur présence soit un hasard... ». Connor le regarda d'un air grave, restant silencieux. Il savait que Zachary avait raison. Lui aussi y avait pensé... Le nombre de Drevaks rencontrés au cours de leurs différentes missions avait augmenté, assez pour que les deux Néphilims s'en rendent compte. Connaissant le but malsain de ces ignobles démons et ajouté à cela la rumeur d'un démon supérieur échappé d'Edom, la question ne se posait même pas : il se tramait quelque chose à la Nouvelle-Orléans. Quelque chose de dangereux. Et le duo était au cœur de l'intrigue.

Ils suivaient la créature depuis pas mal de temps maintenant, serpentant le plus prudemment possible dans les ruelles, s'arrêtant aussi souvent qu'il était nécessaire afin de passer inaperçu aux yeux de leurs cibles. Cette dernière semblait si pressée de se rendre à son objectif qu'elle ne risquait pas de les repérer, mais les shadowhunters étaient prévoyant. Elle tourna brusquement à un angle de rue, disparaissant de la vision des Néphilims. Connor, de peur de le perdre complètement, accéléra le pas et suivit le démon. Il se ravisa cependant bien vite, retournant sur ses pas et retenant in-extrémis Zachary de se mettre à découvert. « T'avais raison Zak... chuchota-t-il en passant sa tête hors de sa cachette, regardant l'endroit où le démon avait disparu. On dirait qu'on a trouvé leur nid... »

La tête dépassant discrètement de sa cachette, Connor balaya d'un regard le territoire ennemi, fronçant les sourcils face au nombre de drevaks qu'il parvenait à distinguer. Ces démons devaient bien être une bonne douzaine, si ce n'était plus — ses yeux n'ayant pas encore la capacité de voir aux travers des obstacles. Ils avaient élus domicile dans ce qui semblait être une vieille décharge à l'abandon, jonchée de-ci, de-là de tôles, cartons et autres déchets malodorants et humides qu'il n'osait identifier. Si les deux shadowhunters voulaient se débarrasser de ces créatures, ils allaient devoir penser stratégie : certes, le fait que ces immondices soient privées d'un sens jouait en leur faveur, mais cela n'assurerait pas leur victoire. Leurs autres sens eux, étaient décuplés... De plus, leur nombre était un danger à ne pas écarter.

Connor soupira avant de se remettre à couvert, jetant un regard en direction de son parabataï. Ils n'avaient pas besoin de mots pour se comprendre. Dans un signe de tête tacite, les deux chasseurs d'ombres tracèrent sur leur peau la rune du silence, avant que Zak ne jette à son tour un coup d’œil au guêpier dans lequel ils allaient se fourrer.

Ils devraient aller vite. L'effet de surprise était le seul plan viable dans ce genre de situation. Et Connor savait que son parabataï pensait la même chose. Il sentait l'excitation de Zachary palpiter dans ses veines et les battements de son cœur résonner dans ses tempes. Ils étaient tous deux prêt et, sans plus de cérémonie, la chasse commença.

Les deux protagonistes allaient vite. Connor passa devant, ouvrant la marche et protégeant son frère d'une éventuelle attaque frontale. La surprise de leur assaut eut raison de quelques démons, les lames du brun s'enfonçant sans aucune difficulté dans leur chaire flasque. Les flèches de son ami se plantant chirurgicalement dans leur corps. Les chasseurs d'ombres semblaient danser au milieu de ce chaos. Évoluant dos à dos, ils se protégeaient mutuellement, massacrant les malheureux qui osaient s'approcher d'un peu trop près. Zachary repoussait de coups de pieds bien placés les drevaks ayant réussi à esquiver ses flèches et, d'un mouvement instinctif, les deux parabataïs échangèrent leur position, Connor venant les achever. L'archer visant ceux que son homologue ne pouvait atteindre.

Nul doute qu'ils se complétaient. Ils n'avaient pas besoin de mots pour ce comprendre. Et quiconque en doutait n'avait qu'à les observer se battre pour en être totalement convaincu.

Les coups de Connor pleuvaient, meurtriers. Ses lames fendaient l'air avec précision et force, ne ratant que rarement leurs cibles. Il entendit distraitement le bruit familier d'un dard tout près de son oreille et n'eut pas le temps de l'esquiver : son frère l'avait déjà fait dévier de sa trajectoire en parant avec la branche de son arc. Le projectile s'écrasa au sol et s'enfonça de six bons centimètres, répandant son dangereux poison entre les pierres. Connor allait le remercier, lorsqu'un autre démon surgit brusquement et lança dans sa direction une énième salve meurtrière. Il n'eut pas le temps de réfléchir : dans la précipitation et la panique, il se jeta sur le pauvre Zak et tous deux s'écrasèrent au sol, le bruit sourd des piques s'écrasant non loin d'eux résonnant dans ses oreilles telles une musique sordide.

« Putain... » soupira le brun en se relevant, saisissant d'une poigne forte le bras de son ami afin de le remettre sur ses pieds.

Dans leur chute, les deux protagonistes avaient heurtés quelques tôles qui jonchaient le sol de la décharge, et Connor s'était coupé la main en atterrissant. Du sang rouge colorait le métal triste et gris et soudainement, tous les démons se tournèrent dans leur direction, humant l'air avidement. L'odeur du sang les attirait et désormais, ils connaissaient l'emplacement exact des deux shadowhunters... Connor frissonna.

Une multitude de dards plurent brusquement dans leur direction, forçant les Néphilims à se séparer. Le brun se jeta sur le côté, esquivant et parant les projectiles du mieux qu'il pouvait avant de se mettre à l'abris derrière une paroi en métal. De sa poche, il en sortit sa stèle. S'apprêtant à utiliser une rune de soin pour refermer la blessure de sa paume, cette dernière lui échappa soudainement des mains, frappée par une pique, et s'envola un peu plus loin. Bien sûr — et cela ne pouvait se passer autrement — elle atterrit à découvert...en plein milieu du groupe de drevaks.

Connor pesta : « Et merde ! »

Assit là, à couvert derrière une vulgaire plaque métallique, il fixait sa stèle immobile au milieu de tous ces ennemis. Comme si la force de son regard allait la faire revenir à lui... Il n'était plus concentré et il se serait fait tuer si son parabataï n'avait pas été là pour le couvrir. Ainsi, le drevak qui s'était glissé derrière le brun un peu plus tôt disparu dans un nuage de poussière, son cri faisant sursauter ce dernier. Il ne laissa derrière lui qu'une flèche familière et les résidus immondes de son corps explosé.

Connor, surprit, osa sortir sa tête de sa cachette et chercha Zachary du regard. Son air réprobateur fut la première chose qu'il aperçu. Le brun grimaça une moue désolée avant de pointer du doigt sa stèle gisant toujours au sol un peu plus loin. Il glissa ensuite son doigt vers sa paume ouverte, montrant sa blessure à son frère. Il savait qu'il avait compris, mais la récupérer n'allait pas être une mince affaire...

Le Néphilim réfléchit à toute allure : puisque désormais, tous les drevaks le suivaient à la trace — littéralement — cela laissait le champ libre à son homologue d'agir à sa guise. Connor sourit avant de sortir soudainement de sa cachette. Il sentait sans peine la colère de son parabataï sans qu'il n'ait besoin de poser les yeux sur lui. Certes, il s'agissait là d'un plan foireux, mais c'était la seule chose à laquelle il avait pu penser en si peu de temps... Servir d’appât pendant que Zachary en profite pour récupérer sa stèle. Ou bien de tuer tous les démons un par un, c'était son choix. Après tous, ils avaient complètement oublié sa présence désormais...

« Je compte sur toi Zak !! » hurla-t-il à son homologue, attirant dans un même temps le reste des drevaks que le duo n'avait pas encore massacré.

Sa voix résonna avec force contre les murs de la décharge, semblant exploser ce silence qui s'était installé avant que la tempête ne gronde. Connor était désormais seul face à ces démons, attirés par l'hémoglobine qui découlait de sa main. Peut-être était-ce là un plan foireux qui lui avait traversé l'esprit, mais les deux protagonistes étant séparés, l'un devenu la cible principale de leurs ennemis, sur le coup, cela lui avait paru la meilleure solution à leur problème. Il n'avait pas réfléchi plus que nécessaire. Parce qu'il était comme ça, le brun. Agir, c'était ce qu'il faisait de mieux. Réfléchir, tergiverser, très peu pour lui. S'il pouvait — en servant d'appât — sauver la vie de son meilleur ami, alors soit. Il plongerait les yeux fermés au devant du danger.

C'était pourquoi il était là, esquivant et parant les projectiles meurtriers qui pleuvaient dans sa direction. Les quelques démons survivants de leur assaut étaient tous tournés dans sa direction, ignorant le réel danger qui se présentait dans leur dos. Certes, le chasseur d'ombres n'avait laissé aucun choix à son frère, mais il savait qu'il pouvait compter sur lui. Toujours. Quoi qu'il advienne. Et ce n'était pas son impulsivité et son entêtement qui allait changer ça. Après tout, Zak était la tête, Connor les bras. Avec le temps et ce lien indéfectible qui les unissait, chacun savait comment réagir face aux actions de l'autre. Qu'elles soient brillantes ou complètement insensées... Il pouvait donc facilement apercevoir du coin de l'oeil Zachary s'approcher furtivement des drevaks restant, les achevant d'un geste vif et silencieux. Le visage complètement fermé et concentré. Disparaissant dans un nuage de fumée noire, les malheureux n'avaient pas le temps de comprendre ce qui leur arrivait.

Rapidement, le silence retomba sur la décharge désormais vide. Seule la respiration saccadée des parabataïs résonnait, douce mélodie après les cris ignobles des démons agonisants. La tension dans leur corps ne disparut qu'après plusieurs longues minutes, minutes passées à scruter le moindre recoin à la recherche d'un possible fuyard, sans trouver âme qui vive. Connor lâcha alors un long soupir de soulagement et de fatigue, souriant à pleine dent face au fait accompli : ils avaient détruits, à eux seuls, un nid grouillant de drevaks rampants. Mission accomplie !

Il se tourna en direction de son compagnon, sourire aux lèvres, tandis que ce dernier ramassait sa stèle. Le visage sombrement fermé, Zachary s'approchait de son frère, lentement...

« Tu vois, ça a- »

Sa phrase mourut dans sa gorge alors qu'il sentait son corps se faire entraîner, son dos finissant sa course violemment contre l'un des murs sales de la décharge. L'arrière de son crâne frappa la pierre brutalement, et Connor grimaça de douleur et de surprise.

« MERDE, CONNOR, A QUOI TU PENSAIS ? » tonna la voix agressive de son ami, un nouvel à-coup furieux maintenant le brun un peu plus fortement contre la paroi froide.

La surprise immobilisait le Néphilim. Son regard était plongé dans celui — devenu noir — de son frère, hypnotisé par la colère qu'il pouvait y lire. Leurs visages étaient proches, leurs yeux fixes, et Connor déglutit. Il était rare de voir Zachary dans cet état. Même pour lui. Il redoutait par dessus tout la colère de son ami et, en général, il faisait tout pour l'éviter. Mais...Connor étant Connor, son impulsivité prenait souvent le dessus et parfois, il ne pouvait y échapper. Ce soir était l'un de ces soirs...  

Il observait les sentiments de son frère se bousculer dans ses yeux alors qu'il lui reprochait sa décision. La colère était le sentiment le plus fort, celui qu'il parvenait à lire le plus facilement du monde : ses mains tremblantes froissants ses vêtements étant un indice qu'il ne pouvait ignorer. Mais il y lisait également l'incompréhension. Le doute. Et surtout la peur. Il avait ce regard que Connor détestait et ne voulait jamais voir sur son visage. Celui qu'il s'était juré de faire disparaître après l'incident... Et la culpabilité lui coupa presque le souffle.

« On avait d'autres options. Tu aurais pu te faire tuer et.... »

La prise qui le maintenait immobile faiblit soudainement, la main de son parabataï retombant le long de son corps. Tous les sentiments qui traversaient l'esprit hanté du garçon résonnait avec force dans celui de son homologue. Telles de puissantes vagues, ses émotions se mélangeaient et s'entrechoquaient dans son crâne, l'étourdissant légèrement. Connor ressentait sa détresse comme si elle était sienne. Sa colère, sa peur, sa culpabilité, son impuissance. Elles faisaient toutes parties de lui, emplissant son être d'une puissance qu'il ne pouvait contenir. Il avait du mal à faire le tri entre ses propres émotions et celles de son ami. Il était confus.

« Tu n'as rien à prouver, pas avec moi. S'il te plaît, ne recommence jamais ça...»

Cette dernière phrase, bien que chuchotée, éclata avec force dans l'esprit du garçon, chassant cette mélasse de sentiments qui le malmenait. Le Néphilim baissa les yeux et observa son frère tracer la rune de guérison sur sa peau. Dans une douce lumière, sa plaie disparue lentement, comme si son existence avait été effacée. Ne restait plus que ses cicatrices, preuves de ce qu'il avait enduré le jour de la trahison de ses parents...

La phrase de son ami résonna à nouveau dans son esprit : il n'avait rien à prouver ? Ce n'était pas ce qu'il voulait faire. Ce n'était pas...pas vraiment...

Connor se mordit les lèvres. Il voulait répliquer, dire à son ami que ce n'était pas le cas, qu'il avait juste agit sans réfléchir, comme à son habitude. Qu'il n'avait simplement pas prit en compte ses sentiments à lui. Mais il savait, au fond, que Zachary avait raison. Et aucune paroles ne franchit ses lèvres.

C'était devenu instinctif, chez lui. Face aux brimades et accusations de ses camarades, face aux insultes et à ceux qui l'accusaient d'être lui aussi un traître, son corps agissait. Le fait de se mettre au devant du danger, de foncer tête baissée, c'était sa façon à lui de montrer au monde qu'il n'avait hérité de ses parents que leur nom. Avec Zachary, s'était différent. Il savait qu'il n'avait pas besoin de ça pour le lui prouver à lui. Il n'avait pas besoin de s'excuser. Pas besoin de le supplier. Mais c'était juste plus fort que lui...

« Désolé... »

Le mot sortit sans prévenir, sans crier gare. Il avait été chuchoté si faiblement que Connor douta même de l'avoir prononcé. Il grimaça, hésitant, avant de le répéter avec plus de force, y insufflant toute la sincérité dont il pouvait faire preuve.

« Désolé ! »

Connor n'était pas du genre à revenir sur ses erreurs... Jamais il ne s'excusait. Zachary était bien la seule personne au monde à l'avoir jamais entendu le faire. La seule personne au monde dont il se souciait. Il avait peur des conséquences et des répercussions que son frère pourrait subir par sa faute... Alors avec lui, il s'excusait. C'était naturel, comme un enfant s'excusant auprès de sa mère de peur qu'elle ne lui pardonne jamais.

« Si ça n'avait pas été pour toi, Zak, je ne l'aurai pas fait... » finit-il par souffler cependant.

Il ne savait trop comment cette dernière tirade allait être reçue... Mais c'était ce qu'il ressentait au fond de lui : il ne l'aurait pas fait avec n'importe qui... Il ne mettait sa vie en danger que pour son frère, son parabataï. Il s'était promis de le protéger ; c'était sa mission, sa raison de vivre. Et il ne le ferait pour personne d'autre...

Leurs regards se croisèrent, échange silencieux pourtant empli de sentiments que les deux Néphilims déchiffraient sans peine. Ils n'avaient pas besoin de paroles pour se comprendre. Pas besoin de mots. Ce lien si étroit qu'ils partageaient était un pont qui reliait leurs deux cœurs ensembles. Pourtant, parfois, le silence ne suffisait pas... Ce pont si solide ne pouvait combler ce besoin de mettre des paroles sur ce qu'ils ressentaient. D'expliquer leurs raisons. De justifier leurs peines. Ce besoin de demander pardon... Pour Connor — lui qui ne supportait pas le regard des autres, de ses propres camarades — ce lien était tout ce qu'il avait de plus précieux. La seule chose qu'il ne sacrifierait jamais. La seule chose qu'il regretterait de cette vie. Se livrer, ce n'était pas son point fort...mais avec Zachary, les mots venaient tous seuls. C'était facile et difficile à la fois. Mais ça les rapprochait. Ce soir, c'était l'un de ces soirs où les deux frères avaient besoin de parler. Besoin de mettre les choses au clair. Faire le point sur leurs sentiments, malgré le fait qu'ils les connaissaient déjà par cœur. Le dire à haute-voix était néanmoins nécessaire...

Les mots de Connor reflétaient toute sa sincérité. Tout ce qu'il était prêt à faire pour son ami. Son frère. Son parabataï. Il savait toute la pression que ces mots mettaient sur les épaules du plus jeune. Tout ce que cela engendrait dans son esprit. Il voyait bien que cette perspective ne l'enchantait pas. Pire, qu'il la détestait. Alors ce fut sans surprise qu'il accueillit la réaction de sa moitié...souriant, désolé, en refermant sa main sur sa stèle qu'il lui avait glissé entre les doigts.
Ce n'était pas ce qu'il voulait bien sûr... Mais n'était-ce pas le rôle d'un frère que de protéger ceux qui lui étaient chers ? De se mettre au devant du danger pour leur éviter peines et souffrances ? C'était là sa vision des choses, au brun. Mais pour lui, ça allait bien plus loin encore. Il avait déjà échoué une fois... Après ce que Zachary avait enduré à cause de ses parents et à cause de sa propre faiblesse, il avait tout perdu. Son père. Sa sœur. Sa force d'antan. Le seul parent qu'il lui restait, il n'était même plus capable de le toucher. Plus jamais — il se l'était promis — plus jamais il ne laisserait Zachary souffrir autant que cette fois-là. Et si, pour cela, il devait lui servir de bouclier, alors soit : il plongerait corps et âme dans ce rôle, sans hésiter.

Pourtant, les mots de son frère ébranlèrent ses convictions. Leurs vœux qu'ils avaient prononcés ensembles le jour de la cérémonie, il les connaissait par cœur. C'avait été la seule chose qu'il avait appris avec ferveur à l'époque. La seule chose qu'il n'oublierait jamais. Ses pensées prononcèrent ces vœux en même temps que Zachary les lui rappelait. « Où tu mourras, je mourrai, et j'y serai enterré. » Connor refusa d'aller plus loin, et il ne fut pas étonné de ne pas entendre la fin du serment franchir les lèvres du plus jeune. Si tous deux connaissaient la suite, la perspective de la formuler leur était impossible. Ils ne pouvaient tout simplement pas. Le fait seul d'y penser donnait au Néphilim des frissons qu'il ne pouvait réprouver. Parce que cette seule phrase résumait leur peur. Et justifiait l'état dans lequel se trouvait le cadet. « Sais-tu ce qu'il arrive à celui qui reste quand l'autre meure ? » Les paroles du chef Nightingale raisonnèrent dans son esprit. Celles qu'il lui avait scandé lorsqu'à l'époque, le jeune Connor lui avait annoncé sa décision de devenir le parabataï de son ami. « Il ne vit plus qu'à moitié... »
Connor réprima un frisson. Il n'osait imaginer une vie sans Zak. Et il savait que l'inverse était réciproque. Ce rappel lui avait fait l'effet d'une claque en plein visage, et bien qu'il ne changea pas d'avis sur son rôle à jouer dans ce duo si uni, l'idée de se sacrifier pour son ami n'était plus aussi noble et importante qu'elle avait pu l'être. Parce que les conséquences seraient — elles — bien pires que la mort pour celui qui reste.

« Il faut qu'on trouve qui a envoyé ces démons et pourquoi. » dit subitement Zachary, coupant court à la conversation.

Connor n'objecta pas. C'était inutile. S'ils avaient pris le temps de dire ce qu'ils avaient sur le cœur — et dieu sait qu'ils en avaient encore en réserve — ils étaient néanmoins encore en mission... Le travail n'était pas fini. Ils avaient bien découvert un nid de drevaks, mais ils devaient encore trouver le responsable. Ou du moins, des indices...

« Très bien... » soupira-t-il en imitant son frère, un silence pesant s'installant entre les deux protagonistes.

Il n'aimait pas cette tension qui s'était établie entre eux. C'était comme si une partie de lui-même s'était détaché... comme si un trou s'était creusé dans son cœur. Avec Zachary, ça ne durait jamais longtemps, mais cette fois était quand même différente. Connor se gifla mentalement et se promit d'aller s'excuser à nouveau une fois que cette histoire de démons serait terminée.

Il jeta un rapide coup d’œil du côté de son frère, juste à temps pour le voir grimacer de douleur. Son épaule devait encore le lancer... Le brun se mordit les lèvres alors qu'il allait impulsivement lui proposer son aide. En ce moment, il n'en voudrait pas. Il n'en voulait jamais lorsqu'il s'agissait de son épaule de toute façon. Comme s'il refusait la guérison. Il se braquait, changeant presque immédiatement de sujet lorsque son frère osait franchir le pas. Il avait vite abandonné après avoir trop longtemps essayé. Zachary pouvait se montrer entêté lorsqu'il le voulait... Alors cette fois, Connor ne releva pas, faisant de son mieux pour ignorer les sentiments confus de son frère que sa rune lui transmettait. Il préféra se concentrer sur le sol encore jonché de déchets, à la recherche du moindre indice qui prouverait qu'un démon supérieur était à l'origine de ce nid... Le Néphilim avançait prudemment, évitant les différentes traces d'ichor qu'avaient laissés les drevaks. L'endroit était recouvert par endroit de ce liquide opaque et visqueux qu'il préférait ne pas approcher.

Il s'enfonça vers le fond de la décharge, soulevant et repoussant les tôles qui lui barraient le chemin. Son avancée était lente, mais il parvint finalement à se frayer un chemin au travers de ces déchets. Son regard coula d'un carton à l'autre, glissant d'une tâche à l'autre... Ce fut la forte odeur de mort qui l'atteignit en premier, l'obligeant à porter sa main à son visage pour s'en protéger. Elle était si forte et si malodorante qu'il ne put retenir un haut-le-cœur. Devant lui, une mélasse noire opaque, visqueuse et plus noire encore que celle des drevaks recouvrait une grande partie du sol et des murs. Tâche sombre dans ce décor déjà obscurcit par la nuit, il ne l'aurait pas remarqué sans cette puanteur infernale. Connor toussa, écœuré, avant de s'accroupir pour étudier de plus près ce qu'il avait devant les yeux. Le liquide semblait plus épais que celui qui jonchait de-ci de-là le sol de la décharge un peu plus loin. C'était de l'Ichor, nul doute là-dessus... Et cette perspective ne l'enchantait pas.

« De l'ichor ! lâcha-t-il alors pour en avertir son frère, se relevant dans le but d'éloigner son nez de cette véritable infection. Et celui-là n'est pas d'origine drevaks... » finit-il plus bas, la gravité de la situation lui sautant soudainement au visage.

L'Institut avait donc raison : un démon supérieur se baladait dans les rues de la Nouvelle-Orléans.